Toi, tu la regardes s’inspire de l’œuvre Bester VI, Newington Green, London* de l’artiste Zanele Muholi**. Lors de la découverte de l’œuvre au sein de l’exposition « Il est une fois dans l’Ouest », le travail de l’artiste a été abordé, notamment son implication auprès de la communauté LGBTQ, particulièrement en Afrique du Sud dont elle est originaire.
L’œuvre a interpellé la personne, originaire du Tchad, qui a rédigé ce texte parce qu’elle aborde la question de l’identité, et plus particulièrement celle des femmes noires. Ce texte témoigne du fait qu’au Tchad les femmes sont dominées et opprimées par les hommes.
L’homme y évoque aussi la question de l’homosexualité féminine dans son pays qui est totalement invisibilisée comme en atteste la dernière phrase du texte. Le discours dominant est qu’il n’y a pas de lesbiennes en Afrique noire. L’homosexualité existe mais n’est pas nommée. Le texte explique que si l’on découvre qu’une femme est lesbienne, elle peut subir de terribles sévices, pouvant aller jusqu’à la mort.
Le texte est à entendre comme une interprétation personnelle de l’œuvre de Zanele Muholi.
* Notice de l’oeuvre
Les personnes que photographie Zanele Muholi, avec toujours l’intention d’être proches, de rendre compte au moyen des images d’une certaine forme d’intimité, sont soit des amis, soit des personnes qui lui ont été
présentées. Son projet Phases and Faces, débuté en 2006, constitue un véritable travail d’archive sur la communauté LGBT, ambitionnant de donner une visibilité à ce qui est réprimé par une société encore très traditionnelle. Dans la série (dont le titre est emprunté à la langue zouloue) à laquelle appartient l’oeuvre Bester VI, Newington Green, London, elle choisit de pointer l’objectif sur elle-même pour se dévoiler dans une suite d’autoportraits en questionnant la culture du selfie et de l’auto représentation. C’est un moyen privilégié pour elle de réfléchir à la façon dont les photographes traitent le corps comme un matériau en l’associant à des objets, dans une volonté d’esthétiser toujours davantage l’identité noire. Elle crée différents personnages et archétypes de façon très stylisée au moyen du langage performatif et expressif du théâtre. Le visage noir et ses détails deviennent le centre d’attention forçant le spectateur à s’interroger sur son désir d’exotisme en contemplant un visage qui a été volontairement noirci.
** Zanele Muholi, née en 1972, vit et travaille à Johannesburg.
Bester VI, Newington Green, London, 2017, de la série Somnyama
Ngonyama (MaID) [Louée soit la lionne noire (mon identité)]
Tirage argentique noir et blanc
69,9 x 53,3 cm
Collection Frac / Nouvelle-Aquitaine MÉCA
credits
from CHANTONS LA COLLECTION,
track released July 20, 2019
réseau AIME, FRAC Nouvelle-Aquitaine et LoS MUCHoS
LoS MUCHoS est un collectif qui occupe son temps à faire parler les gens, à les enregistrer, à plastiquer l’art et à chanter
c'est la partie vivante des projets d'art participatif des éditions N'A QU'1 ŒIL, Bordeaux
